Movement Labs, l’un des projets blockchain les plus en vue dans l’écosystème Move, se retrouve en pleine tourmente. Le scandale a éclaté fin avril, lorsque plusieurs médias ont révélé qu’un accord de market making controversé avait conduit à la vente massive de tokens MOVE, provoquant une chute brutale de leur valeur. Le projet, qui vise à étendre l’usage du langage Move à travers une nouvelle blockchain baptisée M2, a vu sa crédibilité sévèrement entamée en quelques jours.
Un accord controversé avec Rentech
À l’origine de l’affaire : un accord signé entre Movement Labs et Rentech, une entité peu connue, qui aurait permis à cette dernière de contrôler 66 millions de tokens MOVE, soit environ 5 % de l’offre totale. Selon les documents internes obtenus par CoinDesk, Rentech aurait agi à la fois en tant que filiale de Web3Port et en tant qu’agent de la Movement Foundation, soulevant des questions sur d’éventuels conflits d’intérêts. Cette situation a conduit à une vente massive de tokens d’une valeur de 38 millions de dollars dès le lendemain de leur lancement sur les plateformes d’échange, provoquant une chute significative de leur prix.
Suspension de Rushi Manche et enquête en cours
Face à la polémique, Movement Labs a annoncé la suspension immédiate de Rushi Manche, cofondateur de l’entreprise, invoquant des “événements en cours” et une révision par une tierce partie. L’entreprise a engagé la société Groom Lake pour mener une enquête indépendante sur les circonstances entourant l’accord avec Rentech et les responsabilités internes. Cette décision vise à restaurer la confiance des investisseurs et de la communauté.
Coinbase réagit et suspend le trading du MOVE
La plateforme d’échange Coinbase, l’un des partenaires de visibilité du token MOVE, a annoncé la suspension du trading du jeton sur sa plateforme à partir du 15 mai, invoquant des “revues récentes” et le non-respect de ses standards de cotation. Cette mesure a entraîné une baisse de plus de 20 % du prix du token, qui a atteint un niveau historiquement bas. Coinbase a également placé les carnets d’ordres du MOVE en mode “limit-only”, permettant uniquement la création et l’annulation d’ordres à cours limité.
Des partenaires et VC dans l’embarras
Avec ce scandale, les regards se tournent aussi vers les investisseurs institutionnels du projet. Movement Labs avait levé 38 millions de dollars auprès de fonds réputés comme Polychain Capital, Hack VC, Placeholder ou encore a16z (Andreessen Horowitz). La présence d’un acteur controversé comme Rushi Manche dans la direction du projet place désormais ces firmes dans une position délicate.
Aucune réaction officielle n’a encore été émise par ces partenaires au moment où nous écrivons ces lignes, mais l’affaire pourrait ternir leur image s’ils ne prennent pas de position claire. D’autant que les financements récents et la montée en puissance de Movement Labs en faisaient une vitrine du langage Move et de son adoption au-delà des écosystèmes Aptos et Sui.
Impact sur l’écosystème Move
Ce coup de tonnerre intervient alors que le langage Move connaît un regain d’intérêt dans le monde crypto. Développé à l’origine par Meta (ex-Facebook) pour son projet Diem, Move a été repris par plusieurs projets indépendants comme Aptos, Sui… et Movement Labs. L’objectif de ce dernier était justement de créer une infrastructure modulaire (M2) permettant d’exécuter des smart contracts Move de façon plus interopérable.
Le scandale risque de ralentir cette dynamique. Les développeurs, les investisseurs et les utilisateurs pourraient hésiter à s’engager davantage sur un projet marqué par une crise de gouvernance et des accusations graves, même si l’équipe tente de prendre ses distances avec le cofondateur incriminé.
Un projet en sursis ?
Tout porte à croire que l’avenir de Movement Labs dépendra désormais de sa capacité à se restructurer rapidement, à restaurer la confiance et à clarifier sa gouvernance. La suspension de Rushi Manche est un premier pas, mais insuffisant sans une enquête indépendante ou des déclarations plus transparentes.
Le projet M2, ambitieux sur le plan technique, pourrait continuer d’avancer s’il parvient à se détacher définitivement de cette affaire. En attendant, le token MOVE reste gelé sur Coinbase et la confiance des utilisateurs, comme des développeurs de l’écosystème, est sérieusement ébranlée.
Sources : coinacademy.fr, coindesk.com