Les BRICS s’émancipent du dollar : la bascule s’accélère

Dé-dollarisation active dans les échanges commerciaux

La dynamique de dé-dollarisation prend un tournant décisif chez les BRICS. Ce groupe de pays émergents – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – récemment élargi à l’Égypte, à l’Éthiopie, à l’Iran et aux Émirats arabes unis, pousse plus que jamais à l’abandon du dollar dans ses transactions internationales. Leur objectif est clair : utiliser massivement leurs devises locales pour réduire leur dépendance au billet vert.

Lors d’une réunion récente, les ministres des Affaires étrangères des BRICS ont réaffirmé leur volonté de renforcer l’usage des monnaies nationales dans les échanges commerciaux. La Russie, en particulier, a été explicite sur l’ambition de voir les transactions internationales basculer vers les monnaies locales. Un mouvement d’autant plus stratégique qu’il s’inscrit dans un contexte de sanctions occidentales de plus en plus fréquentes, et de tensions géopolitiques persistantes.

Ce tournant n’est pas nouveau, mais il s’accélère. Déjà en 2023, les échanges commerciaux entre la Russie et la Chine se faisaient à 95% en yuan et en rouble. L’Inde, de son côté, commence à régler une partie de ses importations russes en roupies. Le Brésil et l’Argentine avaient eux aussi tenté une coordination bilatérale autour du real et du peso, même si la concrétisation reste timide.

Vers un système financier parallèle aux Occidentaux

Au-delà de l’usage accru des monnaies locales, les BRICS militent aussi pour la mise en place d’un système financier qui échappe à l’hégémonie occidentale. L’idée d’une monnaie commune revient régulièrement dans les débats, même si aucun projet concret n’a encore émergé. Ce qui est déjà en marche, en revanche, c’est la construction de mécanismes de compensation et de règlements indépendants du système SWIFT, longtemps dominé par les États-Unis et l’Europe.

La Nouvelle Banque de Développement (NDB), bras financier des BRICS, joue un rôle crucial dans cette stratégie. Dirigée aujourd’hui par Dilma Rousseff, ex-présidente du Brésil, elle s’attelle à financer les projets en monnaies locales dans le cadre d’investissements sud-sud. Sa mission : réduire la dépendance aux institutions comme le FMI ou la Banque mondiale, souvent perçues comme des instruments d’influence occidentale.

Les pays membres misent aussi sur des accords bilatéraux renforcés, avec des lignes de swap entre banques centrales, et une coopération accrue dans les infrastructures de paiement. Un maillage qui, à terme, pourrait réduire significativement la domination du dollar dans les flux commerciaux mondiaux, du moins dans les zones BRICS et leurs partenaires proches.

Toutefois, les défis restent nombreux : volatilité des monnaies locales, asymétrie économique entre les membres, manque d’un cadre juridique harmonisé… Le processus est lent, mais les signaux d’accélération se multiplient. En mars dernier, la Chine a conclu un accord majeur avec les Émirats pour des échanges directs en yuan et dirham, tandis que l’Iran multiplie les annonces de dédollarisation avec ses partenaires orientaux.

Ce n’est plus une simple intention politique, mais une réalité économique en construction. Les BRICS posent pierre après pierre les bases d’un contre-système, avec l’ambition affichée de remodeler l’ordre monétaire mondial.

Source : cointribune.com

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